Mali : Il faut protéger les groupes vulnérables exposés au COVID-19

COMMUNIQUE DE PRESSE

Mali : Il faut protéger les groupes vulnérables exposés au COVID-19

Les autorités maliennes doivent de toute urgence prendre les mesures nécessaires pour garantir le droit à la santé de tous, particulièrement les groupes vulnérables et exposés au risque d’infection au COVID-19, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

L’organisation salue les efforts déjà fournis par le gouvernement malien dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 et attire son attention sur la vulnérabilité de certaines couches de la population telles que les enfants dits ‘’talibés’’, ceux dans la rue et les personnes vivant dans les camps de déplacés.

« Les inégalités sociales étant très élevées au Mali, la majorité des personnes ne peuvent donc pas accéder à la santé sans le soutien du gouvernement à travers des mesures de protection sociale efficace », a déclaré Ramata Guissé, directrice exécutive d’Amnesty International au Mali.

« Face au COVID-19, les autorités doivent veiller à protéger la santé et faire en sorte que personne ne soit abandonné à son sort. »

Les personnes âgées et souffrant de certaines maladies constituent des groupes à risque auxquels il faut accorder une attention particulière, tout comme les migrants, les déplacés et les personnes privées de liberté dans les prisons et les centres de détention.

Dans ce contexte de pandémie du COVID-19, les autorités maliennes doivent prendre des mesures pour protéger les personnes détenues, souvent dans des lieux surpeuplés et dans des conditions sanitaires déplorables.

S’agissant des détenus particulièrement à risques face au virus, telles les personnes âgées ou malades, les autorités doivent s’assurer qu’elles puissent bénéficier de mesures de soins et de prévention adéquates.

Dans des circonstances exceptionnelles, comme dans le cas de cette pandémie du COVID-19, les États peuvent imposer des restrictions à certains droits humains, comme le droit de circuler librement et le droit à la liberté de réunion pacifique, dans le but de protéger la santé publique.

Amnesty International a pu observer au Mali et dans plusieurs autres pays, le déploiement des forces de sécurité pour veiller au respect des mesures de santé publique, telles que la mise en quarantaine de personnes venant de pays en proie à l’épidémie, l‘instauration de couvre-feu, la “distanciation sociale” ou les restrictions de voyage.

Cependant, de telles mesures doivent être conformes avec la loi, et doivent être temporaires, nécessaires et proportionnées. Elles ne sauraient, en aucune circonstance, justifier le recours à une force excessive de la part de la police ou d’autres agents responsables de l’application des lois.

« Nous appelons les autorités maliennes à respecter les droits humains et à empêcher leurs forces de sécurité de recourir à une force excessive.

« La pandémie ne doit servir de justification à l’exclusion, aux inégalités et aux violations des droits humains. Elle doit être une opportunité pour le gouvernement d’apporter les changements nécessaires pour que la société évolue, en mettant les droits humains au cœur de toutes les mesures prises ».

Bamako, le 23 avril 2020

La Directrice Exécutive AI Mali